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Le graphisme est-il devenu moche ?

Est-ce que le graphisme est devenu moche ? Est-ce que c'était mieux avant ? Est-ce que la technologie fait perdre de son âme au graphisme ?
la nature contre els zones industrielles

Cet article-podcast que je m’apprête à vous présenter s’inspire de deux articles : un article et un podcast intitulé « Comment la France est devenue moche » de Télérama datant de 2010, qui m’a marqué et « Pourquoi la couleur a disparu de France Culture« . Les articles discutent de l’esthétique de la France et du design en général et comment cela a changé au fil du temps. De mon côté, j’aborderai la question du « graphisme moche » et comment les règles de la communication visuelle ont changé au fil des années. J’ai trouvé ces deux éléments très intéressants et je vais vous expliquer pourquoi.

Le graphisme moche : une évolution vers la simplification

Je pense que nous avons perdu un peu de cette esthétique au fil du temps. Mais lorsque nous remontons un peu dans l’histoire, nous réalisons que ce n’est pas aussi simple que cela. En tant que graphiste, je suis particulièrement sensible à l’évolution graphique au fil des années.

Aujourd’hui, nous constatons que le graphisme est de plus en plus simplifié et qu’il se tourne de plus en plus vers les mêmes normes graphiques. En effet, en communication visuelle, nous savons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Tout a été normalisé. Autrefois, il n’y avait pas autant de règles pour l’aspect graphique.

Même s’il y en avait, ce n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui, nous avons des règles pour parler directement au cerveau, pour attirer l’œil, pour procurer des émotions. Autrefois, c’était plutôt le prestige, parfois aussi l’idée de faire des belles lettres plutôt que de privilégier la lisibilité, même si c’était important. Les visuels étaient peut-être attrayants également au XIXᵉ siècle, notamment avec Alfons Mucha, artiste graphiste.

le graphisme est-il devenu moche ?

Si vous souhaitez faire des designs avec le style d’Alfons Mucha, voici une aide pour ça.


Le graphisme moche : l’efficacité au détriment de la qualité et de l’artisanat

Nous avons perdu cette approche de la lenteur pour créer les choses et de l’artisanat. Nous devons aller vite. Nous avons les ordinateurs qui nous aident à aller plus vite. Maintenant, les intelligences artificielles et parfois au détriment de la qualité. C’est une question de goût, comme de nombreuses choses.

Si nous voulons être efficaces et visuellement attrayants avec des typographies très simples par exemple, ou des images des visuels assez neutres aussi, c’est qualitatif si cela attire l’œil et est lisible très rapidement. Mais peut-être qu’en termes de goûts, cela ne l’est pas autant qu’autrefois, mais cela reste subjectif.

Nous avons perdu cet artisanat que nous faisions autrefois, nous prenions le temps de faire les choses et nous inspirions beaucoup de la nature notamment. Nous avons perdu une certaine âme. Aujourd’hui, nous aimons la sobriété, mais cela ne nous procure presque plus aucune émotion d’admiration.

Si la vidéo ne s’affiche pas, voici son lien : https://youtu.be/a4tPUysfHHg

Le monde du graphisme : entre sobriété et couleurs vives

Je suis en train de refaire mon site et je pense utiliser pas mal de couleurs, même si cela ne plaira pas à tout le monde. Je me suis inspirée de ce que j’ai aimé moi-même, tout en restant dans l’ouverture sur d’autres styles graphiques. En communication visuelle, il faut s’adapter à notre cible et donc peut-être tomber dans le piège du sobre, pas trop coloré.

Le monde est peut-être moins beau, mais cela dépend des goûts. Tout cela pour dire que nous devons nous adapter à notre cible avant tout. Mais la mode évolue et revient souvent vers le passé. Alors peut être que l’artisanat reviendra en force ces prochaines années.

Et vous, quel est votre avis sur ce sujet ? Le graphisme est-il devenu plus moche selon vous ? Dites-le-moi en commentaire.

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Flore Michelot alias FloreDuWeb

Auteure de cet article et de ce site.
Graphiste webdesigner depuis 2009 ayant fait 4 ans d’études dans ces domaines,
j'accompagne les entrepreneurs à créer leur communication visuelle pour tous supports.

23 Responses

  1. Bonjour Flore, merci pour cet article.
    En fait, la simplicité est certainement la chose la plus difficile à réaliser.
    Les Japonais sont excellents dans la simplicité et ils continuent un artisanat de qualité.
    Je pense que les 2 pourraient cohabiter. Le problème vient du fait que peu de personnes sont capables d’apprécier la beauté de la simplicité comme nous n’y sommes plus habitués comme tu l’indiques.
    Je discutais il y a quelques semaines avec un photographe en fin de carrière qui m’expliquait que jeune, il avait passé 2 jours entiers à photographier un vase pour un musée pour éviter les reflets, aujourd’hui on « photoshope ».
    L’expert nécessite au moins 10 000 heures de travail et pour le Japon on parle de 60 000 pour l’acquérir.
    Le monde occidental doit réfléchir à produire moins et de meilleure qualité, l’environnement devrait remettre les pendules à l’heure sur le sujet.

    1. Coucou Flore
      Merci pour cette réflexion. Entre algorithme, IA et webmarketing, nous oublions parfois d’être nous-mêmes. Redevenons des artisans, c’est-à-dire sortons de la production de masse.

    2. Nous verrons bien ce qu’apporteront les IA sur ce sujet. Mais je pense qu’il y aura un renouveau de l’artisanat et des choses faite lentement en contrebalançant avec le tout vite et tout machine oui.

    3. Le design épuré mais efficace est en effet quelque chose de complexe. Je me souviens lors de mes cours d’apprentissage graphique, nous devions faire des pictogrammes avec juste quelques pixels. C’était l’un des exercice les plus difficile et les plus formateur que j’ai eu à faire.
      Et en effet, les japonais sont excellent dans cet art. J’aime cet art, mais il est trop utilisé et cela ne permet plus de se démarquer et d’avoir de la personnalité.
      Et bien sûr, autrefois, nous passions beaucoup plus de temps sur chaque chose car nous n’avions pas encore les outil pour aller vite. Aujourd’hui, c’est de plus en plus bâclé car on ne peut pas créer aussi bien qu’avant, aucun client ne payerait pour ça, si ce n’est les industries du luxe.
      Et tu as bien raison, nous devrions revoir notre vision sur l’expertise et retrouver la valeur de bien faire les choses.

  2. Merci pour ton article 😉 Je ne sais pas si on peut dire que les représentations graphiques sont plus « moches » aujourd’hui… Il y a certainement une part de subjectivité et d’appréciation personnelle. Ce qui est certain par contre, c’est que nous voulons toujours aller de plus en plus vite, certainement au détriment de la qualité…

    1. Tout à fait, j’ai laissé la question ouverte à la fin car il s’agit de goûts. Mais ce qui est certain c’est qu’on ne prend en effet plus le temps de faire bien els choses, de toutes façons nous ‘navons pas le choix si nous souhaitons être concurrentiel d’aller de plus en plus vite.

        1. En effet, je n’affirme rien de particulier dans cet article, j’essaye d’ouvrir à la réflexion. Doit-on vraiment aller tous vers des designs épurés ou industriels et plastifiés ? Ne doit-on pas revenir vers quelque chose de plus artisanal et noble tout en restant efficace ?
          Moi-même j’apprécie l’IA par exemple, qui ne crée pas vraiment, qui s’inspire de ce qui a déjà été fait. Mais je pense qu’à présent, il faut aller vers quelque chose de peut être plus original pour se démarquer.

  3. Hello,

    Je pense pas que le graphisme soit devenu moche, mais tu en parles toi même, autrefois, faire du beau, c’était synonyme de prendre le temps, de la lenteur…aujourd’hui, on est dans une époque ou tout doit aller vite, il faut être rapide et compétitif, donc on va à l’essentiel.

    Mais est-ce qu’il n’y a pas de la beauté dans « l’essentialisme » ?

    a+

    Benoit

    1. Certainement pour toi, certainement aussi pour la lisibilité et l’accessibilité, j’en prends compte, mais je préfère malgré tout je le crois et de plus en plus, les graphismes anciens. Parfois je me demande si je ne devrais plus me conformer à toutes ces règles (cohérente bien sûr), pour aller vers quelque chose qui me ressemble plus…

  4. Il s’avère que la simplicité n’est pas aussi facile qu’il y paraît et qu’aller vite n’exclut pas nécessairement une préparation minutieuse et réfléchie.
    Cela me rappelle une « histoire chinoise » qui m’a beaucoup impressionné lorsque je l’ai entendue pour la première fois : un peintre chinois doit réaliser un certain dessin. Pendant longtemps, il ne fait rien, mais lorsque le moment final arrive, il réalise ce dessin en un seul instant et avec une perfection jamais vue auparavant.

    Je ne sais pas si cette histoire a un fondement dans la réalité, mais quoi qu’il en soit, elle continue à l’inspirer.

    1. Tout à fait, le minimalisme peut être très complexe à mettre en place. En UI/UX on préfère le minimalisme aux designs complexes et « bariolés ». Mais je suis certaine qu’on peut trouver un entre-deux : celui de l’efficacité et celui de la recherche esthétique plus « complexe ». Et en design d’objet, j’en ai un peu marre de voir des claviers en plastique, des écrans en plastique, des aspirateurs en plastique… Toujours le plus neutre possible pour plaire au plus grand nombre. Je comprends l’idée économique derrière, mais je suis lassée de voir un environnement esthétique plastifié sans décoration particulière. N’y aurait-il pas un travail de design plus artisanal à retrouver ? Car maintenant, partout où l’on va dans le monde ou même sur internet : tout se ressemble. Je ne me retrouve pas vraiment dans un tel environnement personnellement et je rechercherai toujours l’originalité (de goût !) plutôt que le plus épuré possible.

  5. Sujet très intéressant :

    L’uniformisation tend à aller vers la masse. Je prends l’exemple du Flat Design, si c’est apparu partout c’est certainement parce que les applications qui les utilisent s’adressent à un public très large.
    Il y a aussi des tendances et elles évoluent avec le temps :
    Prends l’intérieur des maisons, aujourd’hui nous sommes plutôt sur des tendances épurées, grand espace blanc. L’appartement de mes grands-parents, la tapisserie était limite psychédélique ! A tendance ultra-chargée avec pleins de petites pièces.

    Pour en revenir au sujet, tout est question de niche et du public auquel tu t’adresses et cela, il n’y a que le AB testing qui permettra de le savoir. Car il y a ce qu’on veut faire et il y a ce qui fonctionne ^^

    Peut-être aussi que l’uniformisation du graphisme vient des outils : Je ne suis pas graphiste mais j’utilise CANVA. Ce que j’arrive à produire me satisfait mais j’utilise les modèles offerts, comme… des milliers d’utilisateurs… Cela entretien l’uniformité probablement.

    1. Tout à fait. Le souci vient en effet des outils où l’on se base sur des templates qui ont déjà été utilisés des milliers de fois. Le souci est en effet le flat design ou le côté trop épuré que tout le monde à le même intérieur, le même design de site, la même approche visuelle… Comme si nous nous rangions dans une grosse case globale, ne laissant plus de place aux petites. Comme si on nous avait indiqué que le bon goût était de ne presque plus en avoir. J’aime le style épuré, le minimalisme, mais je me pose la question du est-ce qu’on ne va pas vers une uniformité mondiale ? Est-ce qu’il y aura encore de la place pour la différence esthétique ? Est-ce que les zones industrielles ne sont-elles pas le reflet de notre société qui va vers le moins cher et l’efficace mais le moche ? Cela ne se retrouve t-il pas aussi dans le graphisme ? N’a t-on justement pas besoin d’aller vers quelque chose de différent ?
      Et l’AB testing, je vais faire un article dessus, mais les goûts de notre cible ne sont-ils pas normés eux aussi ? Le choix graphique de la majorité qui n’a pas une culture graphique avancée est-il une bonne chose ? Ne va t-on pas faire disparaitre avec toutes ces techniques l’originalité ? Je pense quand même qu’il faut garder une part de différence dans son approche graphique, pour au final se démarquer.

  6. Les sites internet sont moins colorés, et j’en ai moi-même fait l’expérience pour le mien. Le contenant ne doit pas se remarquer plus que le contenu ; et pour faire ressortir tes contenus, tes logos, tes illustrations, il faut un site sobre, simple, peu coloré. Les couleurs d’une peinture ne se voient, ne se ressentent pas de la même manière si le mur sur lequel elle est accroché est bleu, rouge ou blanc…

    Après oui la simplification est dû à l’économie comme tu le dis, pour reprendre l’exemple de Thomas Willaume : le flat design répond d’une certaine manière aux contraintes de sérigraphie pour les marquages produits, réduire les coûts… Donc oui, on perd en couleurs, en dégradés… Est-ce que c’est moins bien ? C’est différent. Mais les gens qui veulent de la couleur, de la qualité, ils savent la trouver et y mettent le prix.

    Aborder le blanding aurais été intéressant et en corrélation, c’est un sujet d’actualité. Peut-être pour une prochaine fois ?

    Maintenant, je me pose la question « Mon graphisme est-il devenu moche ? » Je te laisse en juger par toi-même.

    1. Bien sûr, la communication visuelle, donc l’aspect émotionnel des couleurs et bien d’autres connaissances que nous avons nous, graphiste, ne partira pas car nous sommes des communiquant. Je regrette simplement qu’on ne puisse plus autant faire des choses artistique peut être. Je verrais mal un logo avec 6546654 torsades « parce que c’est joli ». On doit garder en tête qu’il faut rester lisible, donc efficace.

      C’est une excellente idée d’aborder le blanding, je l’aborderai très certainement dans les prochains mois.

      Et pour ton sujet personnel, je ne crois pas qu’on puisse dire que ce soit moche. C’est une question de goût comme je le dis bien dans l’article. C’est simplement une réflexion que j’ai apporté quant au fait qu’on normalise tout, même le design. Et donc qu’être original est de plus en plus mal vu. J’ai peur que finalement, nous finirons par faire tous la même chose. On le voit bien avec la mode des designs à la « Canva », même center pacs a reprit ces codes graphiques : typos, formes, couleurs… Tout se ressemble. Tout est formaté.

  7. Bonjour, merci, Quand on regarde les jeux vidéo et certains jeux (Red Dead Redemption, Ghost Of Tsushima ou Last of US) par exemple, ils sont tout sauf laids et les grands studios font tout pour en faire des arguments de vente.

    Quant aux anime et autre, je trouve que ce que l’on peut qualifier de laid peut aussi être « un style ».

    Et oui, dans d’autres domaines, comme l’architecture ou tout ce qui touche à la vente, on va à l’essentiel, on standardise, on « produit », et à mon avis ce n’est plus de la création graphique mais de la production graphique.

    Merci pour cette article qui ouvre un vrai debat !

    1. Les jeux vidéos sont autre chose puisque ça n’existait pas au 19e siècle 😀
      Mais oui, j’adore aussi la DA d’Elden Ring par exemple, c’est fou ce dont on est capable de faire aujourd’hui. Tout comme certains autres jeu 2D ou en pixel art qui peuvent eux aussi être magnifiques.
      Je parlais plus en fait, de design graphique. Là où l’on intervient pour faire de la communication visuelle. Où tout se standardise. Au final, peu importe où l’on va dans le monde, les métropoles se ressemblent, la publicité aussi et les produits qu’on y consomme également. C’est cette uniformité qui commence à me poser question.

  8. Je ne sais pas si le monde est moins beau, chacun sa vision de la beauté. Heureusement il n’y a pas une idée pour tout le monde, chacun peut laisser libre court à son imagination et c’est pour ça qu’il y a encore de la couleur et de la joie! Ne nous laissons pas aller dans la morosité et vivons en harmonie avec nos valeurs et nos couleurs! J’ai écouté en podcast et c’était très agréable de t’écouter!

  9. Un artiste a parfois besoin de beaucoup réfléchir avant de se lancer 🙂 ca alimente bien le mythe du génie créatif. Aujourd’hui je serai plus d’avis de mettre l’action avant la réflexion car le génie et la simplicité ne peuvent venir que d’une pratique régulière. Peut être que le chinois en question ne montrait pas tous ses travaux ratés.

    1. C’est évident. Bien souvent, on préfère voir que tout roule directement, comme si l’artiste était un génie créatif qui ne se pose aucune question et qui pour lui tout est fluide. Montrant alors seulement les étapes de création du travail final qu’il montrera, sans montrer tous les ratés d’avant.

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